Massages et soins en période de crise sanitaire

tui na

Tous secteurs confondus, en mars 2020, la nouvelle est tombée comme un coup de massue. Tout soudain s’est figé et arrêté. Les agendas débordants se sont vidés, les projets annulés, des plus professionnels aux plus privés, provoquant incompréhension, désarroi, peur, et bien d’autres sentiments encore.

Mon tout premier sentiment a été celui d’un soulagement à un niveau collectif à l’image de celui que je rencontre parfois à un niveau individuel quand une personne me demande un massage ou un soin, prend un peu de temps pour elle parce qu’elle est déjà arrêtée au travail ou juste avant, en espérant reprendre un peu de forces avant de poursuivre un travail devenu difficile pour elle… Cette situation si souvent rencontrée s’est donc généralisée.

Un stop a retenti et un monde un peu fou où il s’agit d’être performant, actif et compétent, y compris pour les enfants, s’est arrêté du jour au lendemain… Nombreux sont ceux qui ont été déstabilisés. Il a fallu repenser nos activités autrement, en découvrir d’autres parfois et inventer de nouvelles façons d’être en lien. Car oui, c’était un rappel retentissant aussi de notre besoin des autres et de notre interdépendance…

Arrêt total des massages et soins corporels

Si des activités ont pu s’adapter par la vente en ligne, certaines consultations et rendez-vous aussi grâce à la technologie actuelle, c’était évidemment inconcevable pour les massages et les soins touchant au corps, y compris les séances collectives d’apprentissage au massage bébé…

Il m’a donc fallu patienter, maintenir le lien existant avec certains projets déjà en place, reporter des dates même dans l’incertitude, développer d’autres idées de projets et profiter de ce temps comme d’autres l’ont fait pour réaliser ce qu’on remet toujours à plus tard (travaux dans la maison, rangement,…) et surtout se recentrer, prendre le temps d’une balade, faire d’autres choses avec mes enfants, mon mari,… et réaliser qu’on a la chance d’être vivant.

Reprise progressive du massage prénatal et massage bébé

Si un massage peut évidemment toujours se reporter à plus tard, il est plus difficile d’attendre pour les futures mamans. Bien consciente que les conditions de grossesse sont importantes pour le bébé, j’ai repris et soigné d’autant plus ce massage, attentive au vécu émotionnel de la maman, touchée comme tous par cette période difficile et anxiogène.


L’apprentissage au massage bébé n’a pas encore pu reprendre en séances collectives mais bien individuellement. Certaines mamans en ont fait la demande. Elles ont pu me faire part de leur vécu tant de la grossesse, que de l’accouchement et premiers temps avec bébé dans ces conditions très particulières.

Le bonheur d’accueillir un enfant surpassait les diverses inquiétudes mais être là pour les entendre, les partager était aussi important pour moi que d’apprendre les gestes de massage qui peuvent soulager bébé de certains petits soucis et surtout, le sécuriser dans le lien tissé avec ses parents. C’est bien connu aujourd’hui que l’enfant in utéro ressent les émotions de sa maman, perçoit l’environnement dans lequel elle vit et y réagit déjà.

Les autres massages

D’autres demandes sont venues progressivement. Il s’agissait pour les autres femmes de prendre un temps pour soi, pour calmer son mental, revenir au corps. Quelques parents se sont tournés vers moi pour offrir un massage à leur enfant. Il est encore plus facile de sentir dans ces petits corps là où vont se mettre les tensions.

Moins barricadés que beaucoup d’adultes, l’enfant réagit souvent très positivement au massage. Quelques professionnelles du secteur psycho-médico-social avaient elles aussi besoin d’un temps d’arrêt, ayant été confrontées à des situations difficiles, parfois dans l’impuissance, ou dans des conditions de travail à distance incompatibles avec la nature même du travail.

Les ateliers

En limitant le nombre de participants et en respectant les mesures de distanciation sociale, l’un ou l’autre atelier a pu revenir au programme. J’y ai fait le même constat à savoir un besoin important de prendre du temps pour soi mais aussi avec d’autres pour des activités autant créatives et ludiques que thérapeutiques finalement.

En conclusion

La situation actuelle reste pleine d’incertitudes et de questions. Elle nous met face à la fragilité de la vie. Elle nous montre à quel point nous sommes interconnectés et interdépendants. Elle nous propose bien plus un système de collaboration qu’un système de compétition et en cela, elle apporte beaucoup. J’ai l’espoir et l’envie qu’elle grave ça quelque part en chacun mais aussi collectivement. Certains risquent de me taxer de « douce rêveuse », d' »idéaliste » mais moi, j’y crois et les bébés et enfants, premier axe développé dans mon activité, eux aussi et très naturellement.

Prenons de temps en temps un moment pour un massage, un atelier ou une autre activité qui nous fait du bien et nous met en lien. Aujourd’hui, on peut sombrer dans la peur de l’autre ou, et c’est l’option que je choisis, attentive aux précautions à prendre, approcher l’autre avec délicatesse et respect, soucieux ensemble de préserver cette vie belle et fragile.